Ivry-sur-Seine – ZAC Gagarine : la place du Progrès

Tout d’abord à Ivry-sur-Seine. Au sein de la ZAC Gagarine, le départ d’une base vie de chantier a laissé une zone en friche à l’interface entre le centre-ville et le quartier en renouvellement. D’ici trois ans, cette friche deviendra la place centrale de la ZAC, une fois que le groupe scolaire en partie démoli lui octroiera sa dimension finale. En attendant, la friche est entourée d’équipements publics (école, maison de quartier), d’une épicerie de quartier et d’un bar d’habitués, et fait face au nouvel immeuble de l’OPH local. L’objectif de l’aménagement transitoire de cet espace est donc de trois ordres : activer des espaces publics dans l’attente des aménagements définitifs, préfigurer la programmation future du site et sécuriser un lieu en attente de projet.

L’aménagement définitif de la place a été dessiné à la suite d’une concertation qui a eu lieu en 2020. Gradins, ombrières et fontaine sèche avaient été plébiscités., Pour l’aménagement transitoire de cette place une nouvelle concertation a été organisée pour être au plus proche de la réalité des usages actuels et des attentes des habitants. Grand Paris Aménagement, accompagné de la Compagnie du Paysage (MOE des espaces publics a mené deux ateliers de concertation au sein de la Maison de Quartier pour présenter la situation et faire réagir les participants à des images de référence d’aménagement transitoire (des sièges individuels ou des bancs grand format, des agrès sportifs ou des mobiliers ludiques, des pergolas ou des bacs jardinés). Dans le but de recueillir l’avis des parents et enfants du groupe scolaire voisin, des micros-trottoirs ont eu lieu en sortie d’école.

Grand Paris Aménagement a conduit le travail de conception en tenant compte des enjeux politiques, de gestion de l’espace et d’un budget limité, tout en répondant aux attentes exprimées par les élus et les usagers lors de la concertation. C’est ainsi qu’une esquisse a été proposée mettant en valeur particulièrement le végétal, les dispositifs ludiques ainsi que l’agrandissement du jardin de la Maison de Quartier pour y développer des activités de jardinage.

Cet aménagement transitoire, non prévu initialement au bilan de l’opération, devait être le plus frugal possible. Aussi, la conception a intégré des éléments de mobiliers qui seront repositionnés dans une phase d’aménagement ultérieure : bancs, tables de jeux, rondins de bois, mats de brumisation, corbeilles, boîte à livres… De même, les espaces végétalisés ont été positionnés sur des emprises qui le resteront à terme (garantissant la présence d’arbre d’envergure dans l’aménagement définitif, arbres provenant eux-mêmes de la pépinière provisoire au sein de la ZAC.

Seul le revêtement de sol en stabilisé et la fresque qui les murs tagués de l’école resteront des dépenses ponctuelles et réservées à l’aménagement transitoire, mais elles demeurent indispensables pour apporter la qualité et le confort à l’espace dès aujourd’hui. La place a pris forme en seulement quelques semaines, grâce à la maîtrise d’œuvre, agile dans sa conception, et à l’action des entreprises en charge des plantations et revêtements (EJL et Pinson paysage).

Ivry-sur-Seine étant reconnue pour la place qu’elle offre à l’art dans la ville, Grand Paris Aménagement a choisi de passer deux commandes à des artistes ivryens :

• Benjamin Gozlan, plasticien, a décliné son univers végétal dans un coloris bleu roi peu habituel dans son travail, mais qui ne manque pas de donner une identité poétique à la place. Une partie de sa fresque a été réalisée avec la participation des publics du centre de loisirs et de la Maison de Quartier, sensibilisant les enfants à la pratique picturale.

• Nicolas Giraud-Loge, sculpteur dont l’atelier est situé au Village, a imaginé une œuvre d’art à usage qui invite les plus petits à escalader ces grandes marches et les plus grands à s’y reposer un moment.

Le jour de l’inauguration, la Maison de Quartier a ouvert son kiosque, fabriqué à partir de containers récupérés d’une autre opération de Grand Paris Aménagement dans le Val-de-Marne, pour offrir un verre de l’amitié aux premiers curieux de tous âges venus découvrir ce nouvel espace public. L’engouement des enfants pour grimper sur la sculpture et l’émotion suscitée par la fresque laissent augurer de belles heures pour cette ancienne friche qui préfigure bien la future centralité du quartier.

Évry-Courcouronnes – ZAC des Horizons : La place Jacques Monod

A Évry-Courcouronnes, Grand Paris Aménagement intervient sur la ZAC des Horizons dans le cadre d’un TCA. Le futur quartier, éloigné des aménités du centre-ville, doit retrouver un nouvel élan après la fermeture de l’hôpital Louise Michel. L’objectif est aussi de créer une véritable porte d’entrée de ville. Au cœur du projet, l’avenue Elisabeth et Robert Badinter : cet espace public à créer de toutes pièces prolongera le mail piéton du Marchais Guesdon, et reliera directement le quartier au parc des Loges, grâce à une passerelle au-dessus des voies du RER D.

Pour composer cet espace public majeur de la ZAC, il a été demandé par les collectivités (la ville d’Evry-Courcouronnes et l’agglomération Grand Paris Sud) de mettre en œuvre une action de design urbain pour définir la programmation des « chambres d’activités », espaces aux fonctions évolutives situés en contiguïté du trottoir. Non prévue initialement dans le bilan de la ZAC et dans les missions de la MOE, la mission de design urbain nécessite de faire appel à des financements complémentaires et de mobiliser des spécialistes en lançant une consultation dédiée. Grand Paris Aménagement s’est alors employé à solliciter les subventions adéquates. La Région Ile-de-France a retenu le projet au titre des initiatives d’urbanisme transitoire et financera près de la moitié des investissements nécessaires à sa réalisation.

Un groupement mandaté par La Belle Friche a été retenu pour mener à bien l’ensemble des actions. L’objectif de la mission est :

• de comprendre les usages actuels et les attentes des habitants dans l’optique des futurs aménagements,

• de tester des usages à travers des installations et micro-architectures,

• et établir des recommandations en vue de l’aménagement définitif des chambres d’activités.

Des entretiens avec des structures locales menés par La Belle Friche, complétés par des enquêtes de terrain ont permis d’identifier trois types d’usages : se reposer, jouer et faire du sport.

Orchestra design a traduit ces attentes à travers des scenariis d’aménagement transitoire sur la place Jacques Monod, espace public existant le plus proche de la future avenue Badinter. Marquages au sol invitant à la mobilité et au jeu, petites installations ludiques, sous le format de parcours ou d’un objet totémique, la collectivité a choisi de tester trois modules liés chacun à l’une des thématiques issues du diagnostic.

Se reposer est incarné par la pose d’assises, dossiers et ombrières sur un linéaire de gabions situés face à la fontaine sèche.

Jouer sur le parcours d’équilibre « Mikado » composé de poutres de bois de réemploi et qui a fait l’objet d’un chantier participatif.

Et faire du sport avec la pratique des arts du déplacement (permis sur l’installation Mikado) et celle du vélo et de la trottinette grâce aux modules Relief qui proposent des agrès ludiques pour les enfants. L’ensemble des mobiliers ont été réalisés par le designer Mathieu Grosche qui a recherché des matériaux de réemploi et a animé un chantier participatif pour le mobilier Mikado avec les enfants du centre social du quartier.

La présence de gravats issus de démolition sur site a stimulé la créativité du groupement qui a proposé une expérimentation de mobilier ludique en sacs de bâche à camion remplis de gravats. Pour Grand Paris Aménagement, cette expérience est l’occasion de tester un format de mobilier peu commun dans les propositions d’urbanisme transitoire en réemployant un gisement généralement présent en grande quantité sur les chantiers de renouvellement urbain. Si elle s’avérait durable dans le temps intercalaire des chantiers, Grand Paris Aménagement pourrait développer cette solution de mobilier produit localement.

L’événement d’activation des mobiliers a été organisé par l’équipe de GPA et du centre social Brel Brassens au cours de l’été et a réuni les enfants du quartier dans un moment festif. La mobilisation de l’association des arts du déplacement d’Evry a permis d’exprimer tout le potentiel du parcours Mikado et des mobiliers adjacents détournés pour la pratique. Cet après-midi d’animations a confirmé l’intérêt des enfants pour les usages permis sur la place actuelle et les aménagements futurs.

La dernière étape du projet est le volet évaluation qui durera une année et examinera la pertinence des mobiliers proposés. Des sessions d’observations et de micros-trottoirs permettront d’avoir une évaluation qualitative et quantitative des installations. En fonction de l’adhésion ou des remarques relevées, le groupement établira des recommandations à la MOE et nourrira le dessin des futurs aménagements. Grand Paris Aménagement veillera à ce que les remontées de l’évaluation soient compatibles avec l’ensemble des considérations politiques, techniques et financières pour garantir un projet équilibré et pertinent.

Grand Paris Aménagement a recherché des solutions sur mesure pour répondre aux enjeux de deux situations urbaines différentes : gérer l’attente d’un espace en friche d’un côté et tester des usages pour aménager les espaces publics de l’autre. En fonction des équipes de MOE, de leurs appétences pour l’aménagement transitoire, il a été possible de s’appuyer sur leurs compétences ou de les renforcer en mobilisant des spécialistes du domaine. La mobilisation de l’ingénierie des équipes de Grand Paris Aménagement a facilité l’obtention des aides financières de la Région Ile-de-France au titre des initiatives d’urbanisme transitoire. L’accompagnement de la direction de la communication a permis une information en continue sur la réflexion en cours et son aboutissement, garantissant une lisibilité de l’action et l’adhésion des habitant.es. Les projets réalisés répondent aux attentes des territoires et de leurs usager.es, ainsi qu’aux demandes des politiques qui poussent leur aménageur à faire le maximum pour rendre la ville plus accueillante et inclusive.

Aline Lunven, Cheffe de projet urbanisme culturel et transitoire Grand Paris Aménagement